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« Le pot fêlé »

Conte Indien

C'est une histoire ancienne. À cette époque, le soleil chauffe la terre. Il y a peu d'arbres, quelques maigres buissons, beaucoup de poussière. Un village est relié à une source d'eau claire et précieuse par un chemin. Tous les jours, plusieurs fois par jour, un homme emprunte ce chemin pour apporter cette eau claire à chacun des foyers du village. Il est porteur d'eau. Il transporte cette eau dans deux grands pots en terre qu'il a attachés à l'aide de cordes à une barre en bois. Cette barre, il la place ensuite sur ses épaules. Le pot qu'il place, disons, toujours à droite, celui-là, lorsqu'il le remplit, il arrive rempli au village. Par contre, celui qu'il place toujours à gauche, celui-là, et bien il arrive à moitié plein au village. Ce pot est fêlé et il perd son eau en chemin. Il est sorti comme cela d'entre les mains du potier avec cette petite fissure, cette petite brisure.

Pendant quelques années, l'homme fait des aller-retours entre la source et son village. Jusqu'au jour où le pot fêlé prend la parole. Peut-être qu'à cette époque les objets étaient animés d'une âme qu'ont perdue les objets d'aujourd'hui mais enfin, ça n'était pas courant, un pot qui s'exprime dans le langage des hommes. Il n'en pouvait plus ce pot. Il n'y comprenait rien. Il a dit au porteur :

– Stop ! Mais stop ! Je ne sers à rien ! Je n'en peux plus de sentir cette eau qui s'écoule de ma fissure. Je suis incapable de garder l'eau que je devrais garder comme l'autre pot intact à côté de moi. Tu aurais dû me jeter depuis longtemps. J'ai honte.

Le porteur d'eau est surpris d'entendre parler son pot et peiné aussi par la tristesse, la détresse de celui-ci. Il cherche ses yeux, sa bouche. Finalement il lui dit simplement :

– Mon cher pot depuis toutes ses années je te garde parce que tu m'es très précieux. La prochaine fois que nous irons à la source, tu regarderas le chemin à l'aller puis le chemin au retour.

– Et qu'y verrai-je ? Lui demande le pot.

– Tu verras, répond simplement le porteur d'eau.

Lorsque la fois suivante le pot regarde le chemin à l'aller, il voit de la poussière, des cailloux. Lorsqu'au retour il regarde le chemin, il y voit des herbes et des petites fleurs entre les pierres et des mousses. Toutes ses petites plantes auxquelles son eau, qui s'écoule sur le chemin depuis toutes ces années, a permis la vie.

« Heureux les fêlés… ils laissent passer la lumière »

hacking_with_tales_le_pot_fele.txt · Last modified: 2015/03/31 23:41 by caro