HACKING WITH CARE

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===Le grain de riz===



**En adaptant le conte traditionnel « la soupe aux cailloux » le conteur Alain Gaussel a inventé le conte « Le grain de riz » que je reprends ici avec mes mots.** 



C'est l'histoire d'un homme. Il ne sait pas bien comment ni pourquoi... mais un jour il se retrouve précaire, très précaire comme on dit aujourd'hui. A une époque, on aurait dit « pauvre », « très pauvre ». 

Au moment où commence notre histoire, il n'y a plus grand chose dans son studio, il a déjà tout vendu. Il est midi passé et notre homme a très faim. Il en a mal au ventre. Il ouvre son placard : "Pas de pomme de terre ? J'en n'ai plus ? Des pâtes ? Pas une petite boîte de conserve ? Des biscuits ? Rien. Il va voir dans son frigo. Du lait ? Des œufs ? De la confiture ? Rien. Dans son sac de course. Un morceau de pain ? Des miettes ? Rien. Rien. Dans ses poches. Du sucre ? Un petit chocolat ? Rien." Rien. Rien. Notre homme cherche partout chez lui. Il va même jusqu'à ouvrir le tiroir de la vieille table en bois qu'il a trouvé dans la rue hier. 

Ah ! Là dans une rainure de tiroir, il trouve... Un grain de riz.

Il prend ce grain de riz. Il se dit : « Je vais manger ce grain de riz. Mieux vaut manger ce grain de riz que ne rien manger du tout. » Et puis ça fera passer le temps. Je vais manger ce grain de riz ce soir. D'abord je vais faire bouillir de l'eau, ensuite je ferai cuire ce grain de riz et puis ensuite je le sucerai... lentement, lentement... Il en a l'eau à la bouche. Il se frotte les mains et cherche une casserole. Mais il a vendu toute sa vaisselle. 

Alors il va chez son voisin. 

--Voilà je prépare du riz pour ce soir, est-ce que tu peux me prêter une casserole ?

--Bien sûr, tu veux la petite ou la grande ? 

--Moi on  m'a toujours dit, que pour faire cuire le riz, il fallait beaucoup d'eau, pour pas qu'il attache au fond. Passe-moi la grande. 

Il doit avoir beaucoup de riz qu'il se dit le voisin en passant la casserole. Moi j'ai la flemme de me faire à manger ce soir. 

--D'accord je te passe ma casserole mais je viens manger avec toi ce soir.

--Pas de problème, quand il y en a un pour un, y'en a pour deux. 

Il rentre chez lui avec sa casserole, il a l'eau mais pas de sel. Il va voir sa voisine. 

--Voilà, le voisin et moi on mange du riz ce soir. Mais je n'ai plus de sel. Est-ce que tu pourrais nous en passer un peu ?

--Comme c'est une bonne idée manger entre voisin. Bien sûr je vous donne du sel. Ah moi je suis toute seule...

--Oh ! Mais viens manger du riz avec nous bien sûr. Quand il y en a pour deux, il y en a pour trois. 

L'homme réfléchit encore à ce qu'il lui faut pour faire cuire son riz : du gaz ! Et des allumettes ! 

Il va voir  son copain Louis pour le gaz et chez Théo pour les allumettes. A chaque fois ils lui ont dit « d'accord mais on dîne avec vous » et à chaque fois, notre homme a répondu : 

--Quand il y en a pour trois, il y en a pour quatre.

--Quand il y en a pour quatre, il y en a pour cinq. 

L'homme marche maintenant dans la rue. Il est content, il a réuni tout ce qu'il lui fallait pour faire cuire son riz, mais il se demande comment partager le grain de riz en cinq. On va le sucer chacun notre tour ! Mais il n'est pas convaincu, tout en marchant il rencontre le maraîcher.

--Tiens salut l'ami ! Tu as l'air pensif, tu vas bien ?

--Oui oui, je pense au repas qu'on partage ce soir, le voisin, la voisine, les copains Louis et Théo et moi. On mange du riz ce soir. 

--Oh, c'est sympa un repas tous ensemble. Moi je suis tout seul... 

--Si ça te dit, viens manger avec nous. 

--Merci pour l'invitation vraiment. Je viendrai, mais pas les mains vides. Tiens prends ce panier de légumes et de fruits et prépare-les comme tu l'entends. 

L'homme repart avec son panier de fruits et de légumes. Il se dit joyeux qu'il vaut mieux manger des légumes et du riz à six qu'un seul grain de riz à cinq. Il croise alors le boulanger. 

--Tu as l'air content aujourd'hui ! Ça fait plaisir de voir ta mine réjouie !

--Oui ce soir on mange à six du riz et des légumes. 

--Sympa moi je suis tout seul 

--Viens avec nous ! 

Le boulanger, touché par l'invitation propose d'amener du pain. L'homme, quand il a vu que ça marchait comme ça... il est allé se promener du côté de chez la fermière qui élève des poules pondeuses, et celle-là apportera des œufs, et puis le pâtissier pour les gâteaux, et le fromager, et le vin...

Si bien que le soir, ils étaient quinze à table. Il se régalaient tous ensemble joyeusement, autour de tous les délicieux plats fumants : des plats bouillis, mijotés, farcis, grillés... Toutes sortes de sauces fumantes, parfumées, épicées. Il y avait du vin, et d'autres boisson délicieuses. Tout à coup, le voisin a dit : 

--Mais cet après-midi tu voulais faire cuire du riz.

--Ah le riz ! Bah j'ai oublié de le faire cuire. Mais vous n'avez pas raté grand chose. 

Il leur a montré le grain de riz, il leur a raconté toute l'histoire... Tous, ils se sont dit qu'ils se souviendraient de cette recette et surtout ils ont bien ri...