Le droit à l’anonymat et au chiffrement

“L’âge numérique s’est traduit par une capacité accrue de chacun à créer et publier des contenus accessibles par tous (en théorie) et à correspondre presque instantanément avec d’autres. Mais ces capacités accrues se sont en réalité accompagnées d’un affaiblissement de la confidentialité des communications et de l’anonymat des producteurs de contenus ou correspondants. La centralisation des services Web, la création d’un marché des données personnelles et le développement de techniques de croisement transforment l’idée d’anonymat (et l’intimité qu’elle permet) en une illusion que les dispositions juridiques de protection ne suffisent pas à transformer en réalité. Ce ne sont donc pas seulement les protestataires ou les lanceurs d’alerte qui ont besoin de techniques d’anonymisation, de chiffrement et d’outils décentralisés, mais également tout un chacun qui souhaite préserver son intimité.

L’anonymisation de type Tor (et technologies liées) et le chiffrement des communications doivent être vus comme un semble de techniques (réunies par exemple dans le système Tails [4]) qui rétablissent un équilibre perturbé, reconstituant les conditions technologiques d’un droit à l’anonymat et au secret des correspondances qui est mis en danger notamment par les différents programmes de la NSA et de ses partenaires. Ce rétablissement renforce le pouvoir distribué des individus et des organisations qu’ils forment face aux pouvoirs étatiques et privés.”

Extrait de la note de Philippe Aigrain élaborée pour la Commission parlementaire de réflexion et de propositions sur le droit et les libertés à l’âge numérique de l’Assemblée nationale